Rouleau, encre sur soie, monté sur un support en soie
199 (h) x 68,5 cm (230,5 (h) x 86,3 cm)
Ère Taishō (1912-1926)
Exposé au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, dans “Enfers et Fantômes d’Asie” (10 Avril-15 Juillet, 2018)
Yūrei - Ghost
Oka Buntō (1876-1943)
Signé : Heian Buntō-gaku-hitsu
Sceau : Buntō
Un yūrei se tient debout à côté d'un petit meuble en bois sur lequel repose un kōro (brûle encens) contenant un bâton d'encens allumé. C’est une femme dont les pieds ne sont pas représentés.
La fumée qui monte de l'encens est dessinée plus nettement que la femme spectrale, qui semble elle-même se matérialiser dans la fumée. Elle se mord la lèvre inférieure, et ses yeux vides mais malveillants sont dérangeants. Ses cheveux sont ébouriffés et son visage pâle ne ressemble plus à celui d'un être humain en vie.
Ce yūrei grandeur nature date du début du 20ème siècle (vers 1925) et parvient à combiner l'opulence caractéristique de l’ère Taishō et un sujet représenté plus communément au 19ème siècle.
Comme en Occident, les fantômes japonais sont supposés être des esprits n’ayant pas eu accès à une vie tranquille après la mort. Le meurtre et le suicide sont les causes les plus courantes de cet état, ainsi que l'incapacité de surmonter ses émotions fortes telles que l'amour, la jalousie, la haine ou le chagrin. Dans de tels cas, les fantômes restent sur terre jusqu'à ce que leurs conflits émotionnels puissent être résolus. Il semble que la femme représentée ici porte toujours en elle un amour ou une jalousie qu'elle ne parvient pas à abandonner. Son expression tourmentée montre la profondeur de sa souffrance, bien qu'elle soit sans aucun doute le spectre d'une femme qui fut belle de son vivant.
Oka Buntō (de son vrai nom Tōzo, 1876-1943) est né dans la province de Tango avant de s’installer à Kyoto. Il fut diplômé à la fois de l'école des arts et de l'école de peinture de Kyoto. Il étudia principalement sous la direction de Yamamoto Shunkyo (1871-1933) et a travaillé dans le style Shijō. Il exposa au Bunten en 1912, 1915 et 1916 et remporta plusieurs prix. Buntō avait plusieurs sceaux stylisés (kaō). Ce sceau en forme de crâne - qui pourrait avoir été conçu par Buntō spécifiquement pour être utilisé sur des peintures de fantômes yūrei - est à la fois très élégant et flamboyant.