Madake bamboo, otoshi in copper
39 x 20 x 25 (h) cm
Tomobako (boîte d'origine signée par l'artiste)
Signé "Chikuunsai kore wo tsukuru" (créé par Chikuunsai)
Tanabe Chikuunsai I (1877-1937)
Trame: Asanoha
Tanabe Chikuunsai I (Tsuneo) est né en 1877. Troisième fils de Tanabe Chikatoki Yoshitsune, médecin du seigneur Matsudaira du domaine d'Amagasaki, il s'intéresse très tôt à l'artisanat en fréquentant régulièrement un artisan-vannier (kagoshi) voisin de la maison familiale. Dès ses 12 ans, il devient apprenti dans le studio d’Osaka de l’artiste du bambou Wada Waichisai I. Il n’a que 24 ans lorsqu’il reçoit de son maître le titre de Chikuunsai, « nuage de bambou », un nom porté auparavant par Waichisai. Peu après, il ouvre son propre studio et devient artisan indépendant.
Chikuunsai I pratique également l'ikebana et la cérémonie du thé sencha. Il étudie l'art de l'arrangement floral auprès du maître Hattori Shōunsai de Sumiyoshi, un quartier d'Osaka, et lui succède à la tête de l'école Shōfu Seizan-ryū. La cérémonie du thé sencha est à l'époque un plaisir partagé par les artistes et les vanniers du Kansai, Chikuunsai I ne fait pas exception et s’initie auprès du maître de thé Tominaga Jusen de l'école Kagetsu-an.
En 1903, Tanabe Chikuunsai I présente ses premières œuvres à la 5ème exposition industrielle nationale, puis commence à remporter de nombreux prix régionaux et nationaux. Son studio est alors florissant, comptant de nombreux apprentis et artisans confirmés qui travaillent sous ses ordres. Le studio produit intensivement pour le marché intérieur et exporte au Royaume-Uni, en France mais surtout en Allemagne. En 1910, il déménage d'Osaka à Sakai, un port à forte effervescence artistique où vivent de nombreux maîtres de la cérémonie du thé. Sen-no-Rikyū (1522-1591), le plus grand maître de thé japonais de l'école wabi est lui-même originaire de Sakai. Cette installation favorise de nombreuses interactions avec des artistes et des lettrés qui lui permettent de développer son art.
Lors de la visite de l'empereur Taishō à Osaka en 1914, une vannerie suspendue de style Ryū-Rikyō est présenté au souverain. En 1925, il remporte la médaille de bronze à l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris pour un autre vase hanakago de style Ryū-Rikyō. D'artisan-vannier, il devient artiste et ouvre sa première exposition privée d'art décoratif en bambou.
Les anciennes flèches en bambou, en partie laquées et dorées à la laque, constituent une autre innovation de Chikuunsai I. Leur usage lui permet d’élargir son univers créatif et de construire une œuvre largement reconnue pour ses qualités artistiques, entre autres par Bruno Taut, l’architecte allemand du Bauhaus, lors de son séjour au Japon au début des années 30.
Fidèle à l'enseignement de son maître, Chikuunsai I perpétue les traditions héritées et innove en les modernisant. Il développe notamment un style connu sous l’appellation de Ryū Rikyō d’après le nom d’artiste de Yanagisawa Kien (1706-1758), le premier peintre de l’école nanga (peinture du sud) ou bunjinga (peinture de lettrés) à représenter des arrangements floraux utilisant comme vase des vanneries chinoises. Cette tendance a marqué durablement l’art du bambou au Japon en reflétant l'ambition des maîtres artisans qui souhaitaient atteindre le même degré de reconnaissance déjà accordé aux artistes céramistes et laqueurs de l’époque.
Tanabe Chikuunsai I est à l’origine d’un lignage familial ininterrompu et toujours actif de plus d’un siècle, et de la formation de nombreux et prestigieux artistes dans la région du Kansai. Lui-même lettré dans la tradition chinoise (bunjin) il pratiquait également l’art de l’ikebana et de la calligraphie tout en étudiant la peinture chinoise et la cérémonie du thé sencha.